Devant une pauvre masure
Depuis longtemps abandonnée,
Ho miracle de la nature,
Il subsiste encore un rosier !
Ce n'est pas un rosier superbe
Ayant les soins d'un jardinier.
Il est là, tout entouré d'herbes,
Et cependant, il a poussé !
Adossé contre la barrière
Aux pieds branlants, déjà pourris,
Presque sans eau, presque sans terre,
Ce rosier, quand même, a fleuri !
Ses branches tendent vers nous.
Ses fleurs, au rose très tendres,
Dont le parfum subtil et doux
Vient nous charmer et nous surprendre.
Et tenace, ardent, solitaire,
Halte fraîche, pour l'étranger,
Il s'accroche à son coin de terre,
Pareil à ceux qui l'ont planté.
Ainsi les gens passent et meurent,
Les choses tombent, délaissées,
Et quand se ferment les demeures,
Longtemps il reste les rosiers !
Ne touchons pas ces chères choses,
Moitié buisson, moitié rosiers.
Respirons seulement ces roses,
Et reprenons notre sentier.
Car lorsque Juin les a écloses,
Par une belle nuit d'été,
Les âmes s'unissent aux roses
Dans les jardins abandonnés.
